Un groupe métal aussi emblématique que Suffocation peut-il changer de voix et survivre ? Sur Hymns from the Apocrypha, premier album sans Frank Mullen au chant, le quintet américain relève le défi avec huit titres toujours aussi brutaux et complexes.
Dès les premières notes de la chanson titre, un assaut de blast beats confirme que Suffocation ne se lasse pas. Chacun des huit titres est structuré de manière angulaire, avec une succession de riffs de guitare denses et rapides. donnent souvent de l’énergie à l’album. L’auditeur averti retrouvera également les valses lourdes et subtilement mélodiques que le groupe développe depuis Souls to Deny(2004).
Suffocation est un parfait équilibre entre vitesse et lenteur. Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle, tous les éléments étant judicieusement réinvestis. La voix de Ricky Myers, plus grave que celle de Mullen, n’en est pas moins porteuse d’une énergie tout aussi compatible avec l’esthétique que le groupe peaufine depuis 35 ans.
Le mixage puissant, qui met la batterie et le chant devant, laisse peu de place aux cordes. C’est cet inconvénient qui empêche de profiter pleinement des quelques touches expérimentales disséminées ici et là dans l’album, comme le solo dissonant de « Descendants » et le pointillisme atonal à la Gorguts de Embrace the Suffering.
Ayant pratiquement inventé la roue des formes les plus extrêmes du death metal, Suffocation porte le fardeau de lourdes attentes à chaque annonce de nouveau disque. Ici, la fébrilité est exacerbée par un contexte où le groupe compte plus de sang neuf que de membres fondateurs dans ses rangs. Avec un nouveau chapitre à la fois frais et bien ficelé, il y a tout lieu de croire que le groupe américain mérite toujours sa place au panthéon vivant du metal extrême.