Surely Travel est le deuxième album d’Adam Sturgeon et de son groupe Status / Non-Status (anciennement WHOOP-Szo). Le premier, 1, 2, 3, 4, 500 Years, avait reçu un accueil dithyrambique l’an dernier. Sturgeon y abordait les questions de traumatisme générationnel, de situation des autochtones et de violence coloniale, au moyen d’un hard-rock flou aux accents psychédéliques. Surely Travel, toutefois, est plus épuré sur le plan de la musique et des textes.
Enregistré en dix jours au studio Deadpan de Sudbury, Surely Travel évite les lourdes nappes sonores et met l’accent sur des pistes de voix claires, ainsi qu’un son plus épuré, plus folk. Cela reflète le thème de l’album, c’est-à-dire le quotidien, les voyages et l’apparat qu’on associe souvent à ceux-ci. Ce changement de direction artistique fonctionne bien sur certains morceaux, comme sur l’instrumentale Travelogue, où les mélodies superposées à la guitare et à l’orgue Wurlitzer produisent une atmosphère calme, ponctuée de salves de fuzz. En écoutant cette pièce amusante, je m’imagine en train de regarder le paysage par la fenêtre d’un camion de déménagement.
Sur North Adelaide, un autre moment fort, le groupe passe d’un air de bivouac à une chanson rock percutante sur les voisins ivres, le loyer et les colocataires pourris, pour revenir au bivouac soixante secondes plus tard. Ça fait beaucoup de choses dans une chanson de moins de deux minutes; cela démontre que l’album fonctionne mieux lorsque la délicatesse prime. Sur la ballade Mishkiki Sunset, la décision de tout mettre dans la même piste vocale brouille un refrain qui, sinon, serait excellent. Il nous rappelle d’ailleurs le chant et la sincérité des premiers albums R.E.M. Sur d’autres morceaux, les problèmes sont plus structurels, comme dans Blown Tire, qui repose sur des mélodies vocales claires et un refrain répété un peu trop souvent.
Dans l’ensemble, l’accent mis sur l’épuration semble être une régression. Sans sa colère justifiée et ses couches d’effets, le groupe semble trop calme. Dissiper la fascination et les mythes qui entourent les tournées peut être un choix artistique louable. Or, tout comme rouler pendant six heures sur l’autoroute, ce n’est pas très excitant.