On en a parlé et reparlé : le jazz connaît un regain de vitalité depuis quelque temps. Un peu partout sur le globe, des musiciens chercheurs se sont affairés à créer le vaccin qui devrait immuniser la note bleue contre sa désuétude annoncée. À Chicago, à Los Angeles, à New-York, on a fait un travail remarquable, mais l’élixir de jouvence fabriqué à Londres semble être un des plus efficaces trouvés. Les mélomanes qui se sont intéressés aux récents développements dans le domaine jazzistique ne peuvent que connaître le nom de Nubya Garcia.
Madame Garcia est une jeune saxophoniste de vingt-huit ans remarquée pour sa participation au sein des formations Maisha et Nerija ainsi que dans les projets louangés de Joe Armon-Jones, Theon Cross et, de ce côté-ci de l’Atlantique, Makaya McCraven. Source est son premier album pour une étiquette américaine. Comme le titre du disque nous l’indique, ce que la musicienne désire nous présenter avec cette galette, ce sont les sources de son art. Dans son jeu énergisant et coloré, on dénote l’influence de ses maîtres : John Coltrane, Sonny Rollins, Dexter Gordon et Charlie Parker.
Source célèbre également les autres racines musicales de l’artiste : les musiques latines et caribéennes qui l’accompagnent depuis sa jeunesse. Ce sont d’ailleurs les morceaux les plus empreints de ces styles qui charment le plus au premier abord, que ce soit la brise chaude de La Cumbia Me Está Llamando ou la fort probante fusion jazz-reggae opérée sur la pièce-titre. Entourée d’une équipe jeune mais chevronnée – soit Joe Armon-Jones (piano), Daniel Casmir (contrebasse), Sam Jones (batterie) et Kwes (réalisation) – ainsi que de quelques invités, dont la trompettiste Ms. MAURICE et la chanteuse Akenya, Nubya Garcia a concocté le vaccin idéal contre la morosité ambiante.