Idée originale que celle de la pianiste sri-lankaise Shani Diluka, soit de dédier un album à la figure littéraire qu’était Marcel Proust dont on commémore cette année le 150e anniversaire de naissance et le centenaire de la mort – en 2022. Il ne s’agit pas cependant d’une mise en musique de ses textes, mais plutôt une évocation de celle-ci, souvent référencée dans ces œuvres, et de la place qu’elle occupait dans sa vie.
Dans ce répertoire majoritairement français, point de grands chefs-d’œuvre, mais plutôt plusieurs pièces de caractère ou de chambre. On retrouve notamment plusieurs pièces du compositeur vénézuélien naturalisé français Reynaldo Hahn qui a été l’amant de Proust. Connu davantage pour ses mélodies, c’est son Concerto pour piano en mi majeur, œuvre peu jouée, qui ouvre le bal. La forme est conventionnelle par sa structure en trois mouvements et son thème récurrent, mais le traitement sonore qui en résulte est empreint de légèreté mondaine et de fantaisie. Parmi les œuvres proches de l’univers de Proust, on retrouve des œuvres de Massenet, Debussy, Franck et des mélodies de Fauré, interprétées par Nathalie Dessay qui fait une rapide apparition. Poursuivant l’hommage littéraire en musique, Diluka imagine, accompagné par le violoniste Pierre Fouchenneret, ce que pourrait être la Sonate de Vinteuil, œuvre fictive qui jalonne À la recherche du temps perdu en proposant des pièces de Chaminade, Ysaÿe et Hahn. Concluant l’album, le comédien Guillaume Gallienne fait la lecture d’extraits de textes, dont un passage de Contre Sainte-Beuve et d’À la recherche du temps perdu, enrobé et mis en valeur par la musique de deux magnifiques poèmes pour piano de Reynaldo Hahn.
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