Badge Époque Ensemble est un septet torontois composé d’une guitare bien groovy, d’une flûte et d’un saxo aériens, de percus entraînantes et de bonnes vibrations électriques générées par des synthés oscillatoires, d’un Fender Rhodes frémissant et de plein d’autres gizmos qui font palpiter le sous-cutané juste comme il faut. Self Help est le deuxième album complet du groupe (qui possède aussi un EP à son actif). Pour moi, c’est le premier que j’écoute et c’est une découverte !
Badge Époque Ensemble s’amuse avec les codes de la soul, du funk, du jazz traditionnel et du mystique. Des beats bien soutenus servent de base à des élans mélodiques habilement ornés par le saxo de Karen Ng et la flûte d’Alia O’Brien, mais surtout irisés des couleurs prismatiques des différents claviers manipulés par Maximilian « Twig » Turnbull. Le résultat fait penser à un Steely Dan qui aurait croisé un Sun Ra inhabituellement groundé dans un western post-moderne écrit par Morricone. Ayoye ! Attention, addictif !
Je retiens Birds Fly Through Ancient Ruins, magistral survol imaginaire d’une improbable mégapole anasazie oubliée dans un canyon secret (c’est moi qui invente ici, mais je vous jure, vous la verrez !), The Sound Where My Head Was, bel exemple de funkytude induisant une sorte de mystico-transe, puis Sing A Silent Gospel, qui n’a heureusement rien de silencieux.
Un groupe à surveiller et que Montréal, ville autoproclamée de jazz, doit absolument recevoir le plus tôt possible (dans l’après-COVID, on s’entend). Oh ! et vous vous demandez peut-être pourquoi ce nom de Badge Époque Ensemble ? J’ai posé la question à Maximilian Turnbull. Aucune logique particulière, sinon que ces mots sonnent bien, et encore mieux ensemble. Spontanéité et inspiration instinctive. Pourquoi ne suis-je pas surpris ? La musique l’annonçait déjà.