Il y’a peu d’artistes qui peuvent allier musique populaire et sophistication avec autant de talent que Sampha. On est ici dans la ligue des Jacob Collier, Lana Del Rey, Becca Stevens, Sufjan Stevens.
Lahai, est le deuxième opus solo de Sampha, qui survient six ans après Process. Il a poursuivi les nombreuses collaborations, dans l’ombre, avec Alicia Keys, Drake, Solange, etc.
Sublime, ont écrit déjà plusieurs critiques. C’est aussi une création profonde, réfléchie, subtile, fabuleusement arrangée. Dancing Circles débute avec un piano répétitif à la Steve Reich. Suivent des harmonies vocales et des halos électronique, puis quelques lignes de hip hop avant de ramener dans une ambiance méditative et de terminer par du Drum and base. Tout ca en trois minutes cinquante-quatre secondes.
Toutes les pièces s’emboîtent parfaitement, nous font alterner entre la douceur extrême et des grooves tout en subtilités. Il y’a du soul, du jazz, de l’électro, du classique, du rap, du chant choral, tout cela complètement fondu, malaxé, samphaisé.
Il faut regarder les crédits pour comprendre qu’en plus des claviers et de la voix émotive de Sampha, il y a des violoncelles, du vibraphone, de la trompette en plus des guitares et percussions. Avec les voix des deux soeurs franco-cubaines, Lisa-Kaindé Diaz et Naomi Diaz, alias Ibeyi, qui nous parlent, en français d’une machine à remonter le temps. Le canadien Owen Pallett contribue aussi aux arrangements de cordes.
Cet album est aussi une méditation sur la paternité, la crise existentielle, professionnelle ainsi qu’un hymne étonnant à Jonathan Livingston, Le Goéland, ce livre des années soixante-dix qu’on croyait enterré à jamais.
Disons-le : Lahai doit être écouté du début à la fin. En continu. Et réécouté à plusieurs reprises pour le comprendre dans sa complexité.