Si vous aviez perdu espoir envers l’avenir de l’humanité, dites-vous que si un nouvel album de Robert Johnson & Punchdrunks a pu voir le jour, tout est maintenant possible.
Maitre ès surf, du niveau Dick Dale/Davie Allan , avec une connaissance encyclopédique d’un univers parallèle imaginé par John Carpenter, peuplé de Poison Ivy, James Bond, Sofia Lauren et Lee Van Cliff, pour lequel il compose la trame sonore rock’n’roll surf/spy teinté d’électronique depuis le début des années 90.
Les dernières années l’ont vu pousser encore plus l’exploration et délaisser presque complètement le rock pour un album déroutant paru en 2017, Morte Di Seeberg, qui avait été alors présenté comme son dernier et qui, à part être instrumental et cinématographique, n’avait rien en commun avec ce que l’on connaissait jusqu’alors du musicien suédois. Minimaliste, électronique, ambiance glauque, on était encore dans le cinéma mais plus dans un film d’horreur italien que dans une science-fiction dystopique des années 70.
Mais loin d’être un ovni dans l’œuvre de Robert Johnson, il faut l’avoir écouté pour comprendre la nouvelle proposition de ce qui est présenté comme « & Punchdrunks », officiellement séparés depuis 2016 mais qui, à la suite d’un concert-réunion pour leur 30e anniversaire de carrière et la parution d’une compilation, s’est remis à la composition et Surfopiates en est le résultat.
On demeure dans l’univers habituel de Johnson, mais avec la teinte de Morte di Seeberg sous-jacente aux 11 titres de ce 13eme album en carrière. Il y reprend à sa façon Trentmoller, Rachid Taha et Carte de séjour (la pièce qui déménage le plus), Tobias Einestad ainsi que Ulf Dageby, un musicien d’avant-garde suédois renommé.
Hormis Jungle Fiction de Taha, ça ne tourne pas du tout sur les chapeaux de roues cette fois mais on a droit à un rock instrumental hypnotique, répétitif, noir, avec un sonorité électronique analogue qui est ici aussi essentielle que la guitare de Robert Johnson pour délimiter les contours de cette galaxie.
Un excellent album inespéré d’un artiste qui s’était volontairement et officiellement enterré, qui s’avère être plutôt une renaissance, avec les mêmes éléments qui ont forgé son culte mais poussés aux limites soniques du genre. C’est tout à l’honneur de Robert Johnson (& Punchdrunks) qui prouve par l’exemple qu’il y a encore de la place pour innover dans un style musical qui parfois est recouvert volontairement de poussière.