Avant ce premier album, Niff Nawor, alias Riki, a œuvré au sein des scènes anarcho-punk et rock gothique californiennes. Elle délaisse ces styles plus abrasifs pour embrasser une synthpop vintage, entraînante et ombreuse.
La pochette de l’album respire les années 80, et les premières secondes d’écoute nous y replongent avec la batterie électronique implacable à laquelle se joignent des synthés énergiques.
Notons qu’elle a uni son talent à un acolyte de marque, le musicien, designer sonore et réalisateur Matia Simovich (INHALT), reconnu pour son utilisation d’instruments analogiques. L’album a d’ailleurs été enregistré et mixé à l’Infinite Power Studios qu’exploite Simovich avec Rhys Fulber (Front Line Assembly, Fear Factory) et nul autre que John Fryer.
Sur Strohmann, la pièce d’ouverture, la voix cristalline de Riki s’élève au tintement d’un carillon, faisant croire au solo angélique de quelque chant choral, mais un puissant crescendo nous ramène au cœur de l’action. Chantant en allemand, elle nous berce de sa voix suave, sise sur des rythmes délicieusement saccadés.
Sa candeur laisse ensuite place à la douce ironie de la charnelle Napoleon, dont le simple est paru le 13 novembre dernier. S’ouvrant sur des ébrouements de chevaux, le clip a tôt fait de rappeler le romantisme kitsch des années 80, version dark. L’album s’essouffle un brin sur Earth Song, à l’électropop convenu, de même que sur Spirit of Love, au son très Depeche Mode, jusque dans les inflexions vocales. Il trouve cependant un nouveau souffle sur les deux dernières pièces, véritables réussites, explorant des territoires sombres et musicalement complexes. Come Inside exprime le désir non plus dans la frénésie, mais dans l’intériorité et l’obscurité. Monumental, dernière piste et non la moindre, tend à réconcilier ces deux aspects, pour nous révéler peut-être le son véritable de Riki. Un premier album possédant de belles qualités et qui invite à suivre la suite de près.