La vie d’un journaliste musical est faite de belles écoutes et de rencontres stimulantes. Elle fait l’envie de plusieurs, et à raison. Mais vous ne pouvez connaître le sentiment de culpabilité qui peut assaillir votre humble serviteur lorsqu’il est si submergé par la vie en général qu’il en omet de recenser certains albums magnifiques et indispensables, faute de temps et d’occasions pour bien se les mettre dans les oreilles. C’est ce qui est arrivé à la fin de 2023. De vrais bijoux musicaux sont demeurés sur ma pile sans recevoir l’attention promise. Je suis en train de corriger cela (si le rock indie de chambre vous intéresse, allez lire ma critique de Sick Boss, un excellent band de Vancouver) et j’arrive aujourd’hui à Confluence, un grand opus en jazz contemporain/musique savante de François Bourassa au piano et Philippe Côté aux saxophones (et aussi au piano occasionnellement)
Confluence est un hybride entre l’impro et l’écrit contemporain. Nous sommes à mille lieues d’un duo piano-sax jazz traditionnel. Le discours raffiné des deux interprètes-compositeurs (ils s’échangent les partitions) mise sur les textures et les couleurs. En découle une danse entre convergence et disparité des deux instruments qui bouillonne de vie et de suggestions impressionnistes. Ajoutons de temps en temps une ‘’préparation’’ du piano (comme chez John Cage), une attention aux détails sonores les plus subtils et raffinés, des harmonies modernes qui préfèrent la poésie étonnante aux dissonances agressives, et vous avez un vrai chef-d’œuvre.