La musique du compositeur post-minimaliste Peter Garland paraît chez Cold Blue Music depuis le début des années 1980. Ses plus récentes entrées dans le catalogue de l’étiquette sont The Basketweave Elegies, une pièce en neuf mouvements pour vibraphone solo (jouée par William Winant, qui a également enregistré sa magnifique Moon Viewing Music, pour trois gongs et tam-tam) et des pièces pour piano solo, dont After The Wars, de 2015, par Sarah Cahill.
Garland est, pour ainsi dire, tombé en amour avec le son des orgues à tuyaux lorsqu’il habitait Oaxaca, au Mexique, une ville qui en compte plus de 70 (les plus anciens datent du XVIIIe siècle, dans ce qui était alors la Nouvelle Espagne établie par Cortés en 1521).
Il a donc accepté avec plaisir la commande de l’organiste Carson Cooman d’écrire une pièce pour orgue solo. Cooman est lui-même un compositeur, mais il est surtout un très prolifique organiste, pour lequel plus d’une centaine de collègues ont écrit des œuvres et qui en a enregistré… plus de 7,000 ! (on peut les écouter sur son site Web gratuitement – voir carsoncooman.com).
Plain Song (…) dure 43 minutes. C’est une musique très lente et qui peut certes faciliter la méditation. Pas de fioritures ici, ni de grands éclats comme l’orgue peut en produire (on pense à Charlemagne Palestine, dont les solos d’orgue sont à l’autre bout du spectre des possibles). L’idée de départ du compositeur était d’utiliser l’orgue en tant qu’instrument à vent capable de soutenir de longues notes. Il y a tout de même des mélodies ici, pas que des nappes d’accords soutenus, mais c’est une musique qui prend son temps. Elle s’inspire de la poésie de Robert Creeley (1926-2005), le compositeur ayant tenté d’en calquer la forme, toute en simplicité et en clarté. Anecdote amusante : après avoir composé le troisième des sept mouvements de l’œuvre, le compositeur s’est dit « mmm… j’ai déjà entendu ça… », puis il s’est rendu compte qu’il avait en fait réalisé une variation sur une pièce de l’ensemble de musique médiévale Sequentia and Dialogos. Il a donc rendu à César ce qui est à César et a nommé ce mouvement « Variations on “Lament on the Death of Charlemagne » ».
Le dernier mouvement, malgré son titre « Stone, / like stillness », est sans doute le plus dynamique, et l’ensemble perd un peu pour cette raison de son originalité, faisant entendre des mélodies et sonorités qui nous ramènent à certains clichés de la « musique d’orgue ».