Ana Moura est portugaise. Elle est une vedette immense du fado, cette musique traditionnelle du Portugal qu’on compare au blues.
Ce soir, 3 juillet, elle sera au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour chanter. Pour la communauté portugaise d’ici, ce sera sans nul doute un grand moment. Et pour le reste d’entre nous ?
Je vais d’abord commencer par une confidence : moi, qui suis le collaborateur de PANM360 qui fait le plus de recensions sur la musique en espagnol et en portugais, autant en Amérique qu’en Europe, je n’aime pas beaucoup le fado.
Je ne peux pas trop vous expliquer pourquoi. Je trouve ça souvent lourd, larmoyant. J’ai aussi probablement un préjugé contre l’accent du Portugal, qui donne à cette langue un son beaucoup plus guttural, sec, que la suavité des nombreux accents brésiliens; en particulier celui de Rio de Janeiro.
Mais le plus récent album d’Ana Moura, Casa Guilhermina (2022) s’efforce de confondre mon scepticisme. La chanteuse s’ouvre à d’autres influences, pop, électro, mais surtout africaines. Après tout, sa mère est angolaise.
Ce mélange avait commencé en 2012 avec l’album Desfado, produit par le musicien américain Larry Klein, qui affichait une influence plus pop. D’ailleurs, Ana Moura compte parmi ses plus grands fans un certain Mick Jagger. Ainsi que Prince, avant son décès.
Casa Guilhermina s’ouvre davantage aux influences africaines et électroniques, qui reflètent d’ailleurs la scène musicale actuelle à Lisbonne, où les Africains, les Capverdiens, les Brésiliens et les Portugais créent un nouveau son, qui mélange plein de sonorités.
Ana Moura n’est sans doute pas l’artiste la plus audacieuse de ce milieu, mais son ouverture est à saluer. Elle aurait pu s’asseoir sur ses lauriers et vendre des tas d’albums. Elle a choisi de suivre la scène innovante.
Ce soir, nous verrons donc comment ce mélange se matérialise sur scène. Il y aura sans doute beaucoup d’émotions, chez les spectateurs lusophones.