Aucun autre média montréalais ne dispose d’autant de ressources humaines pour assurer une couverture experte du Festival International de Jazz de Montréal. Nous sommes nombreux à parcourir le site extérieur et les salles de concert : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous présentent leurs critiques d’albums, leurs comptes rendus de concerts et quelques interviews. Bonne lecture et bonne écoute !
Audrey Ochoa a la particularité d’être lauréate du Western Canadian Music Award, compositrice de talent et l’une des trombonistes les plus prolifiques d’Edmonton. Bien que ce dernier superlatif soit tiré directement de son site web, il n’est pas hyperbolique si l’on considère à quel point elle joue bien. Le trombonisme sur son dernier album, The Head Of A Mouse, ne fait pas exception à la règle.
D’emblée, nous avons droit à un morceau de latin jazz avec des tumbaos à la basse et des montunos au piano qui rappellent Willie Colón, ce grand tromboniste de latin jazz, mais avec des lignes de cuivres arrangées dans un style qui rappelle davantage Gordon Goodwin, tandis que le batteur joue quelque chose qui s’apparente à un songo. Ochoa fait étalage de ses talents dans ce morceau avec un solo de 48 mesures après le lead et nous offre quelque chose de suffisamment groovy et mélodique pour satisfaire à la fois les danseurs et les beatniks assourdis.
Ce n’est peut-être pas un hasard si ce sentiment s’avère être un bon résumé du reste de l’album. En effet, en plus de son jeu, la palette d’Ochoa en tant que compositrice et arrangeuse est vraiment mise en valeur. Alors que je pensais que le décor était planté, les morceaux deux et trois m’ont surpris par leur juxtaposition l’un par rapport à l’autre et par rapport au morceau un.
My Mom est essentiellement une valse brisée avec des cordes luxuriantes qui créent de très jolis doublages, des contre-mélodies et des arrière-plans. It Never Happened, en revanche, est un morceau en croches qui sonne comme une lettre d’amour à Bounce pt. 1+2 de Nate Smith dans la façon dont la mélodie est écrite, ainsi que dans le ton du ténor et sa propension à glisser des licks à un demi-ton de l’accord posé par la basse. Même le solo de batterie semble rappeler le jeu de Smith sur Pocket Change. Il est amusant de constater que le quatrième morceau, Finger Trap, ressemble à un croisement entre les morceaux deux et trois, mais avec le piano de Wullitzer ajouté pour le plaisir.
Au cas où ce ne serait pas clair, Ochoa écrit des choses vraiment éclectiques, mais elle fait un travail impressionnant pour garder le tout cohérent. J’en suis ravi. On trouve également sur cet album un peu de reggae, de salsa, de swing et d’autres styles que je laisserai au lecteur le soin de découvrir par lui-même. Si vous êtes à Montréal pendant le festival de jazz, ne manquez pas de découvrir l’une des trombonistes les plus prolifiques d’Edmonton alors qu’elle dirigera le Audrey Ochoa Quartet le 30 juin à 18 h au Pub Molson.