Connue et célébrée en son temps comme une pianiste virtuose et pédagogue, Hélène de Montgeroult (1764-1836) fait partie de ces musiciennes et compositrices dont le nom est tombé dans l’oubli au XIXe siècle. Pourtant, sa méthode a fortement influencé l’enseignement pianistique en France, notamment chez des maîtres comme Alfred Marmontel, qui a eu comme élèves Ravel, D’Indy et Debussy. Dans ce premier enregistrement de l’intégrale des sonates pour piano d’Hélène de Montgeroult, le pianiste français Nicolas Horvath se fait un point d’honneur de redonner la parole à cette figure musicale négligée.
Issue de l’aristocratie française, Montgeroult reçoit une éducation musicale ancrée dans la tradition germanique, auprès de Dussek et Hüllmandel, anciens élèves de Carl-Philipp Emanuel Bach, ainsi que de Clementi. Rare personne de son rang à survivre à la Révolution, elle publie ses propres compositions sous son nom. Il se dégage des œuvres de Montgeroult une facture assez baroque par la conduite de la ligne de basse et les modulations, à laquelle elle apporte sa propre personnalité stylistique, influencée par ses contemporains Haydn, Mozart, Händel et Scarlatti, avec la liberté rythmique du style français et les harmonies du XVIIIe siècle dans un jeu instrumental bel cantiste. Ces caractéristiques sont observables à l’écoute de ses sonates, pour la plupart très typique sur le plan formel (alternance de mouvement vif-lent-vif) et sur le plan structurel avec l’exposition d’un thème, d’un développement et d’une réexposition du thème. À l’image de Montgeroult qui faisait « parler les touches », Nicolas Horvath met en valeur chaque élément stylistique par un jeu fougueux, raffiné et lyrique donnant la pleine mesure de la virtuosité de cette compositrice au parcours d’exception.