Ce premier album de Narcisse pourrait bien être la trame sonore d’une version contemporaine du film De l’amour et des restes humains de Denys Arcand. À travers les capsules dispersées parmi les morceaux de l’album, on nous invite au cœur de l’intimité d’une bande qui se questionne sur l’équilibre parfois précaire entre une vision traditionnelle et moderne de l’identité de genre, des rapports amoureux et du rapport à sa propre image. « C’est comme une utopie dans ma tête, et ça fait peur les utopies », entend-on tout juste avant polyamour, un morceau où le saxophone évoque la beauté d’un amour sensuel, pur et conjugué au pluriel, mais où Narcisse nous rappelle, en paroles, que les blessures sont inévitables.
On explore cette trame narrative forte de La fin n’arrive jamais à travers une aventure électro-pop, parfois dansante, mais toujours lascive, à laquelle nous convie Narcisse dans le mode « parlé-chanté » qu’il privilégie depuis la sortie de son microalbum homonyme, en 2019. Ce mélange des genres contribue à lui conférer une identité musicale propre qui ne trouve pas de comparatif, dans le paysage musical québécois actuel. D’ailleurs, Narcisse indique s’être inspiré d’artistes français tels Flavien Berger ou Vendredi sur Mer.
Alors que les morceaux Pénélope, Icare et Marjorie sont accessibles aux auditeurs distraits, d’autres morceaux comme solstice et amphétamine II nécessitent, pour être appréciés, une écoute plus attentive. C’est d’ailleurs assis dans son fauteuil favori, les yeux fermés, qu’il est recommandé de découvrir l’aventure que nous propose Narcisse dans cet album. Une aventure qui croît sans cesse en intensité jusqu’à l’épilogue, où on est invités à se reposer, finalement, après avoir exploré les sentiments humains les plus profonds.