Le duo musical formé des Anglais Dominic Maker et Kai Campos, qui font de la musique sous ce nom depuis une quinzaine d’années, lancent un sixième album agrémenté des contributions d’Andréa Balency-Béarn et de Marc Pell.
L’album s’ouvre avec The Trail, morceau qui donne le ton en présentant la palette principale: guitares à forte distorsion, percussion programmée, rythme modéré, petites touches de synthétiseur, et la voix de Balency-Béarn. En considérant le son, le titre et l’image de couverture, on s’imagine lancé dans un bolide filant sur une route colorée.
Or, si on avait l’impression de filer à toute vitesse au début, l’illusion s’estompe assez vite. En effet, cet album n’est pas du type à brûler une tonne de carburant. Il est à mon avis retenu par la monotonie, qui semble malheureusement essentielle au concept. Des voix chantent de manière impassible des mélodies modestes et qui décollent peu. Cette lassitude donne une allure à l’album dans ses débuts, une attitude peut-être, mais ses profits retombent assez vite.
Ce choix esthétique perd d’autant plus de crédibilité rendu au morceau crépusculaire Boxing, où le ton et l’attitude vocale de King Krule se prêtent bien mieux à l’exercice d’asthénie qui semble contenir l’émotion de l’album, et pour l’honneur de laquelle on voudrait qu’il reste.
Malgré ces remarques, l’album est cohérent et s’écoute sans accrocs. Si le début a l’avantage d’une oreille encore avide, la fin a celui des meilleures chansons. Fishbrain et Empty and Silent sont les offrandes les plus réussies, Fishbrain étant à mon avis la meilleure. Même si la chanson ne change pas beaucoup la recette, la progression et la structure changeante font leur part. Aussi, l’inflexion dépressive des voix s’intègre au thème de la chanson, en fait quelque chose de plus compréhensible et justifie peut-être la forme de l’album, ce que j’apprécie.
Ainsi, c’est le milieu de l’album qui souffre un peu, peinant à s’élever au rang du reste. Les morceaux Got Me et A Figure in the Surf se perdent un peu dans leur répétition, passent sans se faire remarquer.
The Sunset Violent est un album à écouter quand on a le corps écrasé, le soir, pour se libérer d’un esprit trop lourd. Il s’agit d’une pop alternative narcotique – pas du type qui endort, mais plutôt qui accompagne la fatigue, un album fumigène qui offre un tour à vitesse modérée dans des vapeurs violettes, et qui ne dérangera pas plus votre oreille qu’il ne prétendra la combler. Il pourrait même se révéler comme fidèle compagnon de nuit, au fil des écoutes.