Le King Lobster Krew, fierté montréalaise (et peut-être aussi de la STM), revient avec son deuxième album, Molt, un disque qui renforce l’identité sonore du groupe—un mélange unique de surf, de rock indie et de musique latine—tout en élargissant ses horizons. Mené par la batteuse, chanteuse et compositrice Vitta Morales, le collectif affine encore son style, structurant cette fois l’album en deux moitiés distinctes : une première partie jazzy, imprégnée d’influences big band, suivie d’une seconde moitié percutante, teintée de pop-punk. Le résultat ? Un “milkshake épais” de surf des années 60, de rock indie et de rythmes latins, garanti pour couler tout en douceur… mais qui pourrait parfois vous ressortir par le nez.
Les vagues s’écrasent tandis que le morceau d’ouverture, Tanker, une pièce poignante et légère, instaure l’ambiance avant d’enchaîner sur une série de compositions instrumentales mettant en valeur la maîtrise jazz du groupe. Le deuxième morceau, Monk’s Beach, porte bien son nom : un titre excentrique et décalé qui fusionne l’angularité propre à Thelonious Monk avec l’énergie ensoleillée du surf rock. Leur reprise de My Favorite Things suit une approche similaire, étirant le morceau dans une mer de réverbération ondoyante tout en restant fidèle à ses racines jazz.
À ce stade, il est évident que King Lobster Krew est composé de musiciens de haut niveau : Félix-Antoine Désy à la basse, Nicolas Lanctôt aux guitares, Thomas Daudlin au sax ténor et Hugo Leclerc aux saxophones soprano et alto. Chacun trouve son moment pour briller, s’entremêlant aux arrangements serrés mais ludiques de Morales.
Mais si la première moitié de Molt est un terrain de jeu instrumental, la seconde est celle où Vitta s’impose pleinement comme auteure-compositrice et chanteuse. The Tannery est un hommage entraînant et fédérateur à un bar bien-aimé de Fredericton, tandis que Rock Band propose une réflexion espiègle et lucide sur les joies (et les défis) de faire de la musique entre amis. L’album se termine sur Danza Langosta, une pièce instrumentale légère et ensoleillée qui laisse l’auditeur avec une agréable sensation d’achèvement.
Comme son titre le suggère, Molt donne l’impression d’un groupe en pleine mue, s’émancipant de sa carapace surf-rock pour explorer un univers plus éclectique, mais toujours résolument ludique. Un album qui ne se prend jamais trop au sérieux, tout en restant généreux en musicalité et en émotion.