Un des albums les plus attendus de l’année aux États-Unis, le 9e de Miley Cyrus. Something Beautiful compte 13 chansons remplies de soul, du swag habituel de Miley mais aussi de collaborations improbables comme celles de Naomi Campbell et de Brittany Howard. Après que Can’t Be Tamed eut raté la cible de la libérer des préconceptions dans lesquelles sa jeunesse passée chez Disney l’avait enfermée, elle n’a cessé de se renouveler et de repousser les limites de son art, passant par des albums aux teintes plus country ou des expérimentations pop-punk comme Plastic Hearts. Dans celui-ci, co-produit avec Shawn Everett, Miley prend des risques mesurés tout en restant prudemment dans la lignée de Flowers, avec plusieurs tentatives de hits à saveur disco-funk et des explorations à la frontière des genres.
Après le voyage sci-fi de Prelude 1 agrémenté de spoken words qui nous laissent sur une orchestration créant l’une des plus belles ouvertures de Miley, on découvre la chanson titre Something Beautiful, une ballade efficace et rythmée qui vient mettre en valeur la riche tessiture alto de Miley avec quelques belles inflexions vocales.
Vient ensuite End of the world avec ses intensités dramatiques, versant dans la mélancolie et son thème de fin du monde sur fond de synthés. More to Lose nous ramène aux envolées plaintives des années 90 avec sa teinte de power-ballad évoquant Céline Dion et Bryan Adams.
Easy Lover, placée entre deux intermèdes instrumentaux épiques et percussifs, est l’une de celles rappelant l’autre, avec son groove disco agrémenté de cordes judicieuses qui donnent à Miley le terrain pour déployer sa voix chaude qui brille particulièrement dans ce type de registre soul 70s.
Walk of fame remplie de guitare inspirée, de basse trippante et des vocals éthérés de Danielle Haim, ainsi que Every girl you’ve ever loved, où elle réfléchit sur la perfection et la performance aux côtés de Naomi Campbell qui lit un poème, sont également dans cette même veine.
Golden Burning Sun nous ramène à ses racines country qui ne sont jamais bien loin dans un format très standard, alors que Pretend that you’re god explore les rives alternatives avec cette parenthèse art-pop-rock. Reborn et ses chœurs écclésiastiques. On termine avec Give me love nous laissant sur la douceur de la guitare sèche originelle de Miley et la flûte, évoluant vers une orchestration finale qui vaut le détour.
La barre était haut pour Miley et son équipe d’égaler le niveau d’Endless Summer Vacation mais ils lui répondent quand même très bien sur cet album qui tire sa force de l’efficacité de ses arrangements et des croisements subtils entre les genres. Malgré un petit côté parfois un peu générique ou daté et certaines images un peu maladroites, « The TV’s on but I don’t know/My tears are streaming like our favorite show tonight », la qualité générale, en partie aidée par la liste impressionnante de collaborateurs (trices) – Yeah yeah yeahs, Alvvays’, The war on drugs, Alabama Shakes, Maxx Morando -, est au rendez-vous sur une des meilleures productions de sa carrière qui est tout de même beaucoup plus aventurière qu’une pop régulière. Bien que ne pouvant pas prétendre à l’impact du précédent, l’album est mature, expérimenté, créatif, assumé et émotionnel, rappelant par moments Gaga et par moments ABBA, mais trouvant toujours irrémédiablement le moyen de sonner Miley.