Maxim Emelyanychev est à la fois pianiste, claveciniste et chef d’orchestre (Scottish Chamber Orchestra, Il Pomo d’Oro, Nizhny-Novgorod Soloists Chamber Orchestra). Aylen Pritchin est un violoniste de la nouvelle génération, louangé pour sa « sonorité lumineuse » et sa « polyvalence ». Ils se retrouvent, pour une première collaboration, sur ce disque mettant à l’honneur les trois sonates pour violon et piano de Brahms. Si l’écoute et la symbiose des deux prodiges russes sont perceptibles, c’est aussi – et surtout – la sonorité de leur jeu instrumental qui retient l’attention. Ils jouent tous deux sur des instruments d’époque et leur interprétation donne aux œuvres de Brahms un lustre au son boisé, rond et piquant qui magnifie leur caractère authentique et intimiste. Pour ce qui est de la musique elle-même, Brahms fait preuve d’une autoréférence récurrente dans les deux premières sonates, citant très souvent ses propres mélodies dans le matériel musical. La Sonate pour piano et violon no 1 évoque notamment l’air Nachklang (Écho) et Regenlied (Chanson de la pluie), d’où son surnom de « Regensonate ». Les rythmes pointés récurrents et les mouvements de vagues du piano lui confèrent son caractère ondin. La Sonate pour piano et violon no 2 cite quant à elle certaines des mélodies les plus connues du répertoire vocal de Brahms, dans le dernier mouvement : Wie Melodien zieht es mir leise durch den Sinn et Immer leiser wird mein Schlummer. La Sonate pour piano et violon no 3 fait la part belle aux deux instruments, avec des lignes d’un lyrisme fou, notamment dans l’Adagio du deuxième mouvement.
Les trois sonates sont précédées d’un extrait de la sonate F-A-E, œuvre de jeunesse issue d’une écriture collective de Brahms, Robert Schumann et Albert Dietrich, élève de ce dernier. Sonate dédiée au violoniste Joseph Joachim, tous ses mouvements sont construits sur la séquence mélodique fa-la-mi, jouant sur la devise romantique « Frei aber einsam », c’est-à-dire « Libre, mais seul ». Le Scherzo de Brahms est vif et énergique.