Le confinement occasionné par la pandémie continue de fournir aux interprètes et musiciens une source d’inspiration sur laquelle refléter. Le premier album solo de la violoniste Marie Nadeau-Tremblay « [r]ésultat des heures de pratiques solitaires vécues pendant le long confinement de l’année 2020, ainsi que des heures encore plus innombrables à rêver, à dessiner et à écrire » s’inscrit dans cette thématique et dans cet esprit.
Déjà connue par la parution de son album La Peste (aussi sous étiquette ATMA Classique) avec Les Barrocudas, finalistes aux prix JUNO 2021 et figurant au palmarès des 20 meilleurs albums classiques 2020 de la CBC, la jeune interprète, qui a également été nommée Révélation Classique Radio-Canada 2021-2022, a choisi une série de pièces pour violon solo aux caractères introspectifs, spontanés et propices à l’improvisation (préludes, fantaisies, expérimentations). S’en dégage une énergie planante et sereine, où les envolées virtuoses sont circonspectes et concentrées. On reste dans une force tranquille contemplative où le temps semble devenir élastique. Sans être redondant, le narratif qui est tissé par Marie Nadeau-Tremblay, tant musicalement que par ses illustrations et ses poèmes qui accompagnent chacune des pièces, est assemblé de telle façon qu’on demeure accroché à l’écoute puisqu’on a l’impression d’entendre une histoire où différentes dynamiques se font entendre.
On observe la légèreté du Prélude en fa majeur de Pedro Nogueira, les affects contrastés et changeants des Assagis de Johan Helmich Roman et de la Fantaisie en si mineur de Telemann en finissant par la magnifique passacaille extraite des Sonates du Rosaire d’Heinrich Biber. Le ton est juste, la technique et l’articulation précise et vigoureuse, le phrasé envoûtant. Une autre belle réussite où Marie Nadeau-Tremblay nous fait découvrir la richesse et la variété du répertoire baroque en nous entrainant dans son monde et dans son atmosphère.