C’est un mezzo-soprano aux rondeurs ténébreuses de contralto que nous offre le chant inspiré de Marianne Crebassa sur cet album, fortement ancré dans les racines hispaniques de la jeune artiste française née en 1984.
Dans ce programme hyper séduisant et surtout interprété avec la fougue, le pathos et les éclats tout comme les murmures essentiels au souffle de vie de cette musique chaude comme la terre ocre d’Aragon, Marianne Crebassa, soutenue par le richissime panorama en haute définition sonore de l’Orchestre du Capitole de Toulouse (mais aussi de quelques invités tel le guitariste Thibaut Garcia), s’incarne parfaitement dans cette lignée à la fois personnelle (sa grand-mère est née dans la province de Valencia) et professionnelle, (il y a du Tereza Berganza dans cette jeune dame!).
On navigue de l’opéra (Carmen, La vida breve de Falla, L’heure espagnole de Ravel, Don Quichotte de Massenet, Périchole d’Offenbach) à la chanson savante (Seguedille de Falla, Chanson espagnole de Ravel, Nuits d’Espagne de Massenet). Dans ce dernier groupe, il vous faut absolument mieux connaître, si ce n’est déjà fait, deux cycles tout à fait envoûtants : les 6 canciones castellanas de Guridi et Combat del somni de Mompou.
La plasticité de la voix de Crebassa est idéale dans le contexte de cette musique de laquelle émane un rayonnement de ferveur qu’aucune rigidité technique ne pourra accommoder. Son timbre moelleux, charnu comme un velours pourpre profond, réalise des trésors de nuances impressionnistes et ensorcelantes.
Un grand album, par l’une des grandes voix de notre époque.