Selon un classement effectué par Discogs.com, le guitariste américain Marc Ribot aurait performé sur 576 disques différents au cours de sa carrière de près de cinquante ans. 576! C’est un peu dingue! À l’âge vénérable de 71 ans, Ribot livre son tout premier albums de chansons, The Map of a Blue City, un projet qui remonte à la fin des années 90, mais qui se matérialise en 2025. Un album étonnamment acoustique, aéré, aérien, d’une richesse impressionnante, avec de multiples couches de guitares et de cordes. Marc Ribot a touché à pratiquement tous les genres de musiques, du punk au jazz en passant par l’américana et d’innombrables musiques du monde. Il a joué avec Elton John, Tom Waits, The Lounge Lizards, John Zorn, Natalia Lafourcade et Caetano Veloso, entres autres.
The Map of a Blue City s’amorce sur « Elizabeth », une balade profonde, assaisonnée d’accordéon et de cordes. La voix de Ribot est grave, pausée, elle chuchote presque.
« For Celia » est toute en réverbération, avec des guitares ciselées, qui rappellent à la fois l’americana et l’inspiration latine.
« Say my Name » apporte un peu d’électricité, discrète et d’électronique. Daddy’s Trip to Brazil nous plonge dans une atmosphère Bossa Nova, mais avec des effets d’angoisses qui contredisent le bonheur qui transpire habituellement de cette musique. Qui se termine par un solo de saxophone très Stan Getzien. C’est juste magnifique.
Map of a Blue City s’approche un peu plus du Marc Ribot dissonant, mais avec un contrepoint de douceur. Ce titre ne fait pas référence à une ville démocrate américaine, mais bien à une carte que sa fille avait dessinée, enfants. Je vous dit ça parce que Marc Ribot a produit un album qui s’appelle Songs of Résistance en 2018 et qu’il a qualifié récemment Donald Trump de « fasciste ». Cette pièce se termine par un solo de guitare déchirant.
Sur cet album, on entend aussi une reprise très sophistiquée musicalement de « When the World is on Fire » du groupe country The Carter Family, et de « Sometime Jailhouse Blues » du poète californien Allan Ginsberg.
« Death of a narcissist » fait une jolie place à la guitare bottleneck, tandis que « Optimism of the Spirit », est la seule pièce où la guitare cède la place aux claviers électronique, harmonium et autres sons célestes, solidement entourés de percussions, qui nous donnent presqu’envie de danser.
Vous aurez compris: cet album ne comporte aucune redite, il est à la fois savant et accessible. Une pépite de folk-pop bossa sophistiquée, inclassable.Marc Ribot sera au festival International de Jazz de Montréal le 26 juin, avec son trio Ceramic Dog, plus jazz électro. Marc Ribot est très éclectique, que voulez-vous.