Mantisse, l’un des trois auteurs-rappeurs de la formation montréalaise LaF, a lancé à la mi-septembre son premier projet solo, Colin-Maillard. Plus tôt cette année, Bkay a également lancé un album solo nommé Midi Pile. Au cœur de la montée en popularité du rap québécois en 2018, LaF n’a pas publié de nouveau matériel depuis 2020. Un ami m’avait fait connaître le groupe en me conseillant leur chanson Tangerine, peu de temps après sa sortie en 2018. J’ai tout de suite aimé la vision et l’univers de LaF.
Réalisé en majeure partie par Bnjmn.lloyd, Colin-Maillard n’est d’ailleurs pas très loin de cet univers. On sent que Mantisse n’est pas parti de zéro et que ce projet est, en quelque sorte, le prolongement de son personnage au sein du collectif montréalais. Dans Colin-Maillard, le rappeur met en valeur sa propre écriture et explore ses capacités vocales; j’aimerais l’entendre utiliser encore plus sa voix dans ses créations futures! Composé de onze titres, l’album bénéficie d’excellents refrains et d’une cohérence remarquable. Parfois, Mantisse aborde des sujets sérieux et à d’autres moments, il est capable de pagayer dans les rapides de l’humour, une grande qualité selon moi.
Avant la sortie de Colin-Maillard, Mantisse avait donné un avant-goût de son projet avec la sortie des morceaux Rouge Cardinal et Sunny Delight. J’ai particulièrement accroché à la première. Rouge Cardinal est un des titres les plus ludiques du projet. Le refrain est coincé dans ma tête depuis sa sortie, ce ver d’oreille donne le ton du projet.
Le premier album solo de Mantisse débute par Saint-Valentin, une courte introduction d’une minute et demie dans laquelle il parle de sa vision de la vie. « Me, myself and I on vit sans lendemain – Combler le ravin pour vous rejoindre de l’autre côté – Y’a pas quatre chemins par où passer – Mais malgré tout ça reste un labyrinthe », chante-t-il. Ensuite, il enchaîne avec Arobas, un titre en deux temps en raison d’un changement de rythme à mi-chemin. Sur le quatrième morceau, Coryphée, Mantisse pose sur une instrumentale lo-fi. Le mariage entre sa voix et ce genre musical est très intéressant. Le résultat est doux et fait respirer le projet, surtout après une chanson très rythmée comme Rouge Cardinal, le troisième titre.
La cinquième composition de l’album, Carthage, est selon moi la meilleure de Colin-Maillard. La production de Tommy Lunaire est excellente et le refrain chanté par Mantisse s’y prête très bien. La structure du texte est intéressante et le rappeur arbore différents flows. Il y navigue dans les endroits les plus sombres de son esprit et y trouve une certaine lueur d’espoir. Chaga et Michel-Ange, deux collaborations avec Jamaz et Bkay, arrivent dans la deuxième partie de l’album. Pour les fans de LaF, ces deux titres sont de véritables bonbons.
Colin-Maillard est un excellent premier projet solo pour Mantisse. Le tout est cohérent, les sujets abordés sont différents et les textes frôlent régulièrement la poésie. Ça fait différent de ce qu’on entend depuis quelques mois dans le rap québécois. Après avoir entendu les projets solos des trois MC de LaF, j’attends avec impatience le prochain projet du collectif!