Louise Bessette, grande interprète de musique d’aujourd’hui, souvent difficile et exigeante, ose ici tremper ses doigts dans un monde musical ou on ne l’attendait pas : celui de la musique instrumentale dite ‘populaire’’. Ici, c’est dans le riche catalogue de François Dompierre qu’elle pige pour nous convaincre que la musique de film (entre autre) du compositeur, ainsi que ses nombreuses et élégantes mélodies pour des chansons québécoises, méritent autant l’appellation de contemporaines que les partitions avant-gardistes atonales auxquelles elle a depuis longtemps donné vie. Bien sûr, tout cela est bien plus simple, harmoniquement parlant. Mais, depuis la fin de la domination atonale sur le ‘’bon goût’’ musical contemporain, on redécouvre avec plaisir le bonheur des mélodies attachantes, des influences du jazz et des musiques vernaculaires insérées dans une structure savante, même si cette dernière est traditionnelle.
On déambule avec plaisir dans le jardin tempéré mais fort coloré de Dompierre. De ses plus belles partitions de films (Les portes tournantes, Mon amie Max, Un bonheur d’occasion) aux chansons devenues des immortelles (L’âme à la tendresse pour Pauline Julie, La saisie pour Louise Forestier), en passant par ses explorations jazzées de grands classiques (Facéties sur un prélude de Bach) ou des improvisations couchées sur papier à partir de pièces jouées lors de ses émissions à Radio-Canada, et même un hommage à Gilles Tremblay!, c’est tout un univers de douce nostalgie qui nous assaille avec caresses. Louise Bessette est attentive à cette réalité et la rend avec beaucoup de conviction. Elle a beaucoup de respect pour cette musique qu’on a longtemps appelée ‘’semi-classique’’. Nous devrions tous et toutes faire comme elle.