J’ai eu bien du plaisir à écouter Les Paradis artificiels de Cinephonic, le nouveau projet de Pierre Chrétien, pianiste, vibraphoniste, mellotroniste et aussi leader de collectifs juteusement funky tels que le Souljazz Orchestra et Slim Moore & the Mar-Kays!
Les Paradis artificiels et ses neuf plages à la fois groovy et jouissivement moelleuses sont autant de déambulations néo-vintage dans l’esprit d’une certaine musique pour le cinéma français des années 60 et 70. Mais pas que, loin s’en faut ! Chrétien l’assaisonne ici de jazz orchestral, là de couleurs et de déhanchements qui n’auraient pas déplu à Isaac Hayes ou Bobby Womack, le tout bien enrobé de beats bien gras style hip-hop instrumental, voire symphonique contemporain.
Oui, bien entendu, on reconnaît les inspirations pionnières d’Air, Cinematic Orchestra, Jocelyn Tellier, Saint Etienne… Les Paradis artificiels ne réinvente pas la roue de la pop instrumentale, mais quand une roue tourne aussi bien et est aussi efficace, pourquoi ne pas l’utiliser pleinement ? Dans ce cas-ci, ça veut dire l’écouter en boucle et se laisser emporter !
Chrétien s’est adjoint les services de deux belles pointures du rythme : le batteur Robert Biesewig (Wu-Tang Clan, Ghostface Killah, Alchemist) et la percussionniste tous azimuts Marielle Rivard, ramenée du Souljazz Orchestra et des Mar-Kays. Pour les arrangements orchestraux, Chrétien fait des miracles avec peu de moyens. Le mellotron remplit assez bien la fonction des cordes, mais il y a aussi la flûte, le hautbois, la clarinette, le basson, etc. Tout, je dis bien tout, est joué par Chrétien. Chapeau !
Laissez rouler en boucle en lisant, en regardant tomber la pluie ou en se promenant (ou en joggant) un samedi matin ensoleillé à travers les rues de la ville. Ça marche peu importe le contexte et ça vous envoûte l’ambiance avec des milliers d’évocations bienfaisantes.
Les Paradis artificiels de Cinephonic est la trame sonore d’un cinéma dont vous êtes le héros.