Élément essentiel du collectif Aquaserge, tête chercheuse trempée dans la sauce néo-baba cool, collaborateur de Bertrand Burgalat, Philippe Katerine, April March et Stereolab : voici Julien Gasc. Abordons de front la question de la voix parfois légèrement dissonante de Julien : on s’en tape beaucoup, le résultat d’ensemble compense amplement puisqu’il confine ici à la quasi-perfection pop. De fait, sur Undying Eyes, la dernière pièce de l’album et la seule dans la langue d’Elton John (ne vous fiez pas aux titres We’re so in love et Giles and Jones), Julien trouve le ton et se fend d’un chant qui émeut par sa célestialité. On dirait Sufjan Stevens!
Gasc, donc, encore un créateur hexagonal qui s’abreuve à la paire de tétines Robert Wyatt-Jean-Claude Vannier – mais nous en plaindrons-nous? –, pour opérer une sacralisation irréprochable et actualisée de l’esthétique prog-jazz psychédélique dont les deux bonshommes susmentionnés avaient jadis jeté les bases. Notons l’incursion tropicaliste Macarabela, qui renvoie davantage au Macarana de Rio (célèbre stade de foot) qu’à la Macarena de Los del Río. Incursion americana également à noter à la fin de Pagode, sous forme de solide solo de pedal steel exécuté par Harry Bohay. Soulignons le boulot plus qu’exemplaire de Catherine Hershey aux chœurs ainsi que de la section rythmique constituée du batteur Cédric Monzali, du bassiste Syd Kemp et du percussionniste Eno Inwang.
Et que vient faire Jack London dans tout ça, puisque le titre de l’album correspond à celui du roman le plus célèbre du grand écrivain? Un renvoi au titre de la première parution solo de Julien Gasc, Cerf, Biche et Faon, en 2013? Nous ne le saurons peut-être jamais.