Nous sommes au cœur d’un autre été montréalais chaud et mouvementé. Comme on le sait, cet été est synonyme de saison des terrasses, de saison des festivals et d’une vie nocturne plus intense. C’est dans ce contexte que le groupe montréalais Karma Glider sort son premier album : From the Haze of a Revved Up Youth ; un album pop rock imprégné de réverbération qui explore les thèmes de l’excès et de la reconnexion avec d’anciens amants.
Je commencerai par dire qu’un mois de juillet humide à Montréal semble être un moment propice à la sortie d’une collection de chansons rock cahoteuses, parfois bruyantes et pleines de nostalgie sur la vie dans la vingtaine. Les notes de pochette expliquent que l’album lui-même est en quelque sorte une décennie en revue pour le leader Susil Sharma, puisqu’il resasse « une vie ponctuée d’alcoolisme, d’abus de drogues, d’excès romantiques et de comportements légèrement criminels, avant de trouver la clarté grâce à la sobriété ».
Musicalement, de nombreuses techniques éprouvées sont utilisées pour évoquer une nostalgie estivale. Ceux qui se souviennent de l’apogée des Strokes reconnaîtront immédiatement le QE en forme de mégaphone et l’attitude blasée à la Julian Casablancas que Sharma utilise dans le morceau d’ouverture Rock and Roll. Le même chant blasé revient à plusieurs reprises, notamment sur Love Bleeds, dont le refrain est plutôt accrocheur, il faut bien le dire. Ailleurs, c’est l’indémodable tambourin qui joue des doubles croches avec un accent sur le deux et le quatre, notamment sur le titre Breakdown.
Certaines chansons de l’album sont résolument plus brutes que d’autres, ce qui lui confère une belle variété ; la chanson Wait For You, par exemple, se termine par un feedback d’ampli et cède la place à The Breaking Light qui s’ouvre sur des accords de guitare trempés dans la réverbération, une batterie comprimée et un riff de marimba. Beaucoup plus pop, en d’autres termes. En fait, on pourrait résumer l’ordre des morceaux en disant qu’il s’agit d’un mélange cohérent de pop punk, de post-punk et de shoegaze avec des interludes entre les deux.
Si je devais me plaindre de quelque chose, ce serait probablement des paroles. Elles me paraissent plutôt premier degré et parfois mielleuses. Mais encore une fois, si la thèse de l’album est de circonscrire la vie d’un jeune d’une vingtaine d’années alors qu’il se prend en main, des paroles plus cryptiques et hautement poétiques auraient très bien pu être déplacées. Dans l’ensemble, je dirais que From the Haze of a Revved Up Youth mérite d’être écoutées cet été. Peut-être sur une terrasse en évoquant un ou deux amours perdues.