Quel album charmant! La soprano Karina Gauvin plonge dans les racines du Québec grâce à cet hommage joliment coloré qu’elle rend à son ancêtre, une certaine Marie Hubert, arrivée en Nouvelle-France en 1670, mariée la même année et qui aura 5 enfants qui essaimeront à leur tour à travers cette nouvelle nation francophone d’Amérique.
On suit l’orpheline Marie Hubert de son quartier parisien miséreux (duquel elle sortira grâce au programme des Filles du Roy) jusqu’à la Nouvelle-France en pleine expansion. Grâce à un journal intime fictif rédigé par Karina, on peut suivre une histoire toute simple et très plausible : une traversée pénible, une arrivée attendue, un mariage rapide avec un bon homme travaillant et aimé, une maternité nombreuse, un défrichage courageux de ce pays exigeant, des hivers rudes, la mort du mari plus vieux qu’elle puis un remariage bien fait. On en perd finalement la trace dans les échos d’une Histoire qui n’a jamais tellement rendu justice au humbles comme Marie Hubert. Mais Karina Gauvin, son illustre descendante, lui lève ici son chapeau avec une remarquable maestria.
Dans un répertoire fait de folklores aussi attachants que célèbres (Isabeau s’y promène, Ah, toi belle hirondelle, Vive la Canadienne), Karina accompagne l’auditeur dans un voyage temporel touchant, tantôt dansant tantôt mélancolique, rendu pleinement vivant par des arrangements débordant de couleurs et de riche contrepoint. Bravo à Claude Lapalme et Pierre McLean pour ces créations dignes des Chants d’Auvergne de Canteloube!
Karina Gauvin s’y donne à coeur joie, avec une aisance vocale qui rappelle, effectivement, sa mémorable interprétation du corpus folklorico-romantique de Canteloube. On peut difficilement faire mieux en terme d’accompagnement : le Quatuor Molinari pour les cordes (additionné d’Étienne Lafrance à la contrebasse), l’ensemble Pentaèdre pour les vents, Valérie Milot à la harpe et Pierre McLean, piano et clavecin. La perfection!
Longue vie à ce magnifique cycle de chants trempés dans notre terreau historique!