J’ai déjà dit tout le bien que je pense de l’album View with a Room du guitariste Julian Lage, paru l’an dernier. C’était un de mes coups de cœur de 2022, il figurait parmi nos 100 meilleurs albums de l’année.
The Layers est issu des mêmes séances d’enregistrement, avec la batteur Dave King (The Bad Plus) et le contrebassiste Jorge Roeder, ainsi que le guitariste Bill Frisell.
Et c’est aussi bon, même meilleur, à mon goût.
C’est un EP avec 6 pièces, 25 minutes. Mais quel délice guitaristique!
C’est comme A View with a Room, mais un peu au ralenti. Trois des six pièces sont à la guitare acoustique. Il y a de l’espace pour chaque note et même pour le silence.
C’est toujours tentant pour un guitariste virtuose de multiplier les notes en vrilles jusqu’à épuisement. Ici, on dirait que chaque note de ce quatuor complète l’autre. C’est une architecture complexe dans laquelle aucun son n’est de trop. Toutes ces couches (The Layers) ont un sens. Tous les coups de cymbales, toutes les notes de contrebasse comptent.
Missing Voices est sans doute la pièce la plus expérimentale, avec des cordes grattées et des notes extrêmement aiguës, des dissonances. La complémentarité entre Lage et Frisell est exemplaire.
Il est clair que les trois musiciens sont au service de Julian Lage. Et ils font admirablement leur boulot. Bill Frisell, qui est normalement un leader, qui a exploré tous les genres musicaux américains, fait ici preuve de générosité envers Julian Lage.
C’est comme une relation filiale: Frisell a soixante douze ans, Julian Lage trente-cinq.
Et c’est vraiment ce qui est passionnant : Lage a encore beaucoup de temps devant lui pour explorer et nous étonner.
J’ai hâte d’entendre la suite. En attendant, profitez de chaque note.