D’entrée de jeu, Josephine Foster peut laisser une impression passéiste, presque surannée. Sa voix de soprano, clairement atypique, rappelle des chanteuses intimistes d’époques antérieures à la nôtre, on pense même au début du siècle précédent. Jusque là, cette approche rétro pourrait s’en tenir à ce folk fondé sur la voix de la soliste et son accompagnement à la guitare acoustique assortie de basse électrique et de percussions légères (parfois électroniques), mais on a tôt fait de pénétrer dans un monde nettement moins conformiste que soupçonné dans les premières mesures. Le nuovo s’immisce dans le rétro, des synthétiseurs modulaires ou analogiques enrobent le corps de ces chansons planantes, leur confèrent des arrangements au croisement de l’ambient et du new-age, arrangements fondés sur de riches harmonies folk, traditionnelles ou modernes. Le mélange de tout ça s’avère unique, la perception d’étrangeté apparente se transforme en une singulière suavité, on finit par se trouver son bonheur dans ce cyber-folk des plus particuliers. Depuis le début des années 2000, lentement et sûrement, Josephine Foster aménage un monde introspectif, réfléchi mais aussi sensuel et attractif. Alors, ne vous laissez surtout pas démobiliser par la bizarrerie apparente de Godmother, le voyage qu’elle nous propose en vaut la peine.
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