Eyes of the Living Night n’est pas foncièrement prog mais réunit toutes les caractéristiques qui plaisent à ce public post-Genesis-Jethro Tull-Peter Hammill et autres amateurs de formes allongées de chansons rock, formes théâtralisées à souhait par leurs auteurs, compositeurs et interprètes. Lorsqu’il incarne son personnage de scène ou de vidéo, Jonathan Hultén se couvre le visage de blanc et de noir, ses vêtements de sorcier médiéval ou de spectre vivant ajoutent à l’effet que produisent ses chansons pas si prog, somme toute. En fait, le look du concepteur est plus redoutable que sa musique. Les lignes mélodiques sont tonales, les rythmes y restent relativement simples, les guitares et les claviers produisent des accords conformes au système harmonique classique et excluent toutes acrobaties instrumentales. Chanteur juste et puissant, tessiture de baryton aux finales légèrement graveleuses, Jonathan Hultén fait essentiellement de la pop légèrement adaptée aux avancées de la lutherie d’aujourd’hui. Pop aux accents de prog, grunge (dans les bridges) ou dream pop. Rappelons que ce album a été enregistré aux Chanting Studios de Stockholm et coréalisé avec Ola Ersfjord (Lady Blackbird/Tribulation/Monolord), ces chansons investissent l’esprit humain, ce qui mijote dans nos esprits, nos fantasmes surnaturels, nos rêves, notre passé, nos sentiers personnels à parcourir, nos ombres et nos lumières.
