La Trilogie des odeurs du trompettiste et compositeur Jacques Kuba-Séguin se poursuit avec ce Parfum no 2, d’une ampleur et d’une majesté que le premier volume sorti en 2023 ne laissait pas deviner (lisez ma critique ICI). Au risque de me répéter, la démarche de l’artiste québécois ne vise pas la description d’odeurs en musique. Même si c’était possible, ce ne serait probablement pas intéressant. Il s’agit plutôt d’odeurs liées à des souvenirs et des impressions, et ce sont ces réminiscences, associées à des émotions, qui constituent la base des compositions de Kuba-Séguin. Le volume 1 se concentrait sur la petite enfance, alors que ce deuxième opus dessine plutôt un pan de la vie de jeune adulte, plus énergique et plus velléitaire, ouverte sur l’avenir et ses infinies possibilités.
Parfum no 2 est écrit pour un grand ensemble old school, teinté d’une modernité chromatique Evansienne mais aussi de swing beau genre. On flirte parfois avec des couleurs qui rappellent Oliver Nelson. Mais ne laissez pas les termes ‘’chromatiques’’ et ‘’modernité’’ vous induire en erreur : peu de grincements ou d’atmosphères aigres ici. De la lumière, beaucoup de lumière. C’est ironique de parler de luminosité en décrivant un album consacré à la synchronicité entre la musique et les odeurs, mais tant qu’à plonger dans la synesthésie, allons-y à fond!
Parfum no 2 est expansif et positif, avec des élans comme des envols somptueux dans un panorama grandiose, vibrant de soleil. Ça se corse ici et là, question harmonie, mais toujours en restant bien scotché au concept de jeunesse et de trop-plein de vie, voire d’optimisme.
L’Orchestre national de jazz de Montréal est splendide, rayonnant de chaleur sonore et débordant d’arômes riches et entiers, parfois pénétrants, surtout floraux à souhait, volatils. C’est lumineux, c’est confortable mais pas trop doudou, c’est constructif et stimulant.
L’ami Kuba est en belle forme dans ses interventions, ainsi que ses copains habituels Jean-Michel Pilc (piano), Rémi-Jean Leblanc (contrebasse) et Kevin Warren (batterie).
On devine que le troisième volet sera consacré à la vieillesse, et que cela appellera une formation plus économe. Profitez donc pleinement de l’ampleur sonore de cette suite en cinq mouvements très bellement écrits.