The Body a maintenant passé deux décennies à mettre à mal les codes du metal tel qu’on le connaît. Récemment, ils ont multiplié les collaborations que ce soit avec de bruyants confrères (Thou, Full of Hell, Uniform) ou des musiciens issus de différents horizons comme l’artiste électronique The Haxan Cloak avec lequel ils avaient conçu le terriblement glacial I Shall Die Here. Le duo originaire du Rhode Island a même été jusqu’à flirter avec la pop et le hip-hop sur un No One Deserves Happiness qui en avait étonné plusieurs.
Avec I’ve Seen All I Need To See, Lee Buford (batterie, programmation) et Chip King (guitare, voix) ont restreint le nombre d’invités et mis de côté les influences inattendues afin de mieux se concentrer sur l’essentiel de leur approche. La musique qui en résulte est la plus brutale, la plus viscérale que la tonitruante paire ait présentée à ce jour. Les rythmiques lentes et lourdes mises de l’avant par Buford évoquent les menaçants premiers albums de Swans. Les déferlantes sludge jouées par King sont bien grasses et bien sales. Les cris d’écorché vif qu’il émet semblent, quant à eux, provenir des tréfonds de l’Enfer.
Afin de donner encore plus d’impact à ces chansons sculptées dans le basalte le plus noir, le duo a enrobé le son de tous les instruments mis à disposition d’un épais voile de distorsion. Il a ensuite couché le tout sous des couches de larsen et d’effets électroniques, conférant ainsi une saveur industrielle aux huit pièces que compte l’implacable programme. Celui-ci propose moins d’avancées formelles que les albums précédents de la formation, mais les passages de batterie improvisés que l’on retrouve sur Path of Failure, ultime morceau de l’album, amènent The Body en territoire presque free jazz. Les amateurs de sensations fortes se réjouiront.