Multi-instrumentiste et artiste visuelle, Brigid Mae Power en est à son troisième album, qui s’intitule Head Above the Water. Ce titre n’est pas fortuit puisque cet opus, enregistré en trois jours à Glasgow, porte sur la survie au quotidien. Peter Broderick, mari de Brigid, musicien et compositeur orégonais qui collabore notamment avec Nils Frahm, ainsi qu’Alasdair Roberts, musicien folk écossais, ont coréalisé Head Above the Water avec elle. On peut y entendre les rythmes et ornementations d’Hamilton Belk à la guitare pedal steel, de Selah Broderick à la flûte, de Stevie Jones à la basse, de Brian Mac Gloinn au bouzouki et au violon, puis de Liam Chapman à la batterie.
Après une enfance à Londres, Brigid Mae Power poursuit son existence dans l’ouest de l’Irlande, à Galway. Chef-lieu du comté du même nom, cette ville universitaire est le bercail de chanteuses comme Dolores Keane et Julie Feeney, qui pérennisent la tradition du folk celtique. Brigid Mae Power émerge de ce terreau, elle qui a découvert sur le tard le « sean-nós » – « vieux style », en gaélique – dont elle imprègne sa voix de soprano. La nasalisation et les changements de notes dans une même syllabe (qui font qu’on a souvent l’impression d’entendre des amorces de yodel), éléments typiques du sean-nós, donnent une patine ancestrale au chant de Brigid.
Le musicophile friand de folk des îles britanniques établira sans doute une filiation entre Head Above the Water et l’œuvre de Sandy Denny, chanteuse au chant envoûtant et au destin tragique. Pour profiter pleinement de ce recueil de complaintes qui le ballottera de la beauté immatérielle à la nostalgie diffuse, le musicophile fera bien d’en accompagner l’écoute d’un quelconque cordial.