Ne cherchez pas de grand piano dans le neuvième album de Mathieu Boogaerts. Il y a tout au plus un piano droit, qui se fond dans une multitudes de guitares, de percussions douces, et parfois, de flûtes, saxophones et accordéons. Pourquoi alors ce titre de Grand Piano? C’est un des nombreux mystères de la prose de l’auteur-compositeur français. Il semble bien que c’est « grand » pour plus d’orchestration et « piano » pour la douceur.
Mathieu Boogaerts sonne indiscutablement français, tout comme ses contemporains Dominique A, Vincent Delerm, Miossec ou Philippe Katerine. Des hommes qui ont commencé dans les années 90 et qui ont aujourd’hui atteint la cinquantaine. Et arrivent un peu à l’heure des bilans. Et qui tentent de trouver les mots justes pour en parler.
C’est le cas de Faut Pas Que J’Oublie, qui évoque la peur de perdre la mémoire. Ou encore de Ma Jeunesse, sur l’angoisse du temps qui passe trop vite. Mathieu Boogaerts parle de mélancolie, de culte du corps et bien sûr, de ses états d’amours. Les chansons sont ciselées de façon chirurgicale, avec des phrases courtes, des mots scrupuleusement sculptés, du travail d’orfèvre. Les gens sensibles à cette culture française s’y reconnaîtront, ceux qui sont plus américains (au sens continental) de culture seront peut-être moins touchés.
L’album se termine par C’est Beau La Vie, une sorte de version personnelle de Here Comes The Sun des Beatles. Une chanson qui combine bonheur et lucidité, qui m’a fait beaucoup de bien en cette période politique trouble et compliquée.
Musicalement, Boogaerts a toujours donné dans la simplicité. Grand Piano est un de ses albums les plus orchestrés, qui en font une sorte de Paul Simon à la française, avec des moments reggae, bossa-nova ou africain. Mais très timidement. Très piano. J’ai l’intention de l’écouter en boucle dans les prochaines semaines. Avec Here Comes The Sun. Juste pour ça, merci Mathieu Boogaerts.