Connus pour leurs tendances à brouiller les genres et leur ambition instrumentale, les Grails ont souvent franchi la ligne qui sépare la grandeur cinématographique de l’expérimentation psychédélique. Mais avec Miracle Music, ils trébuchent plutôt durement. J’avais vraiment envie d’aimer cet album, peut-être parce que j’adore Om, l’autre projet du cofondateur Emil Amos. Mais avec une durée de près de 45 minutes, Miracle Music ressemble moins à une œuvre cohérente qu’à un patchwork d’idées mal ficelées. Il y a quelques moments sympas, notamment les cuivres de Kelly Pratt, sur des morceaux comme « Primeval Lite I-III », mais il n’y a pas assez d’énergie pour des morceaux entiers. Ils tombent en quelque sorte dans l’oubli. « Earthly Life » semble également sans but, perdu dans des synthés brillants en cascade, des gazouillis d’oiseaux, des cordes minimales et un saxophone brûlant. Tout cela ressemble à de la musique d’ambiance, ce qui est peut-être le but recherché.
Le saut de genre, qui était autrefois une force, semble maintenant sans direction. Un moment, nous sommes dans une brume de drones ambiants, l’instant d’après, nous sommes entraînés dans un prog-rock trempé dans le fuzz ou dans des détours lounge glauques qui semblent plus ornementaux qu’essentiels.
Miracle Music est un disque lourd, tellement chargé de détours stylistiques et d’indulgences texturales qu’il commence à s’effondrer sous son propre poids. Il y a une dépendance excessive à l’égard de l’atmosphère et de l’ambiance qui mène rarement à une quelconque récompense. Les pistes se fondent les unes dans les autres, non pas dans un flux continu, mais d’une manière qui semble indistincte, comme une jam session qui ne trouve jamais sa forme. Ce qui est encore plus frustrant, c’est que Miracle Music confond quantité et qualité. Plutôt que d’affiner leurs idées sonores, les Grails semblent se contenter de tout jeter au mur en espérant que quelque chose colle.
S’il s’agissait d’un nouveau projet avec des membres inconnus, je ne serais pas aussi sévère, mais Grails existe depuis un certain temps, et je m’attendais donc à de la grandeur.