De Manchester au Royaume-Uni, GoGo Penguin est l’un de ces désormais nombreux trios de jazz acoustiques ayant intégré certains éléments de la mouvance IDM, du trip-hop, de la musique classique moderne (ce qui est le cas du jazz en général) et du minimalisme américain. Privilégié surtout par de petits ensembles européens (Esbjörn Svenssön, Neil Cowley, Get The Blessing, Phronesis, Rémi Panossian, etc), cet amalgame était frais il y a dix ans, il l’est moins en 2020. Une des vertus cardinales de cette approche instrumentale est le langage collectif d’un petit ensemble piano-contrebasse-batterie, l’énergie commune que lui confèrent les motifs pianistiques répétés avec de petites variations, le soutien fervent de la contrebasse et le jeu intense de batterie. Alors? Au cinquième album studio de GoGo Penguin, cette proximité avec des tendances musicales très créatives des années 80, 90 et 2000 commence déjà à manquer de souffle. De menus ornements apportent de l’eau au moulin mais… grosso modo, la redondance du langage annonce la fin de l’âge d’or pour ces trios acoustiques enclins aux courants plus actuels de la création sonore occidentale. Les limites techniques de ses interprètes, très bons musiciens sans être des techniciens de haut vol, deviennent alors plus tangibles… et il est temps pour les concepteurs de GoGo Penguin d’intégrer de nouveaux influx sonores s’ils veulent rester pertinents pour la suite des choses.
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