On dit des langues créolisées qu’elles résultent du choc brutal entre deux cultures à priori incompatibles. C’est vraisemblablement le pari qu’a pris Folterkammer en mélangeant sans scrupule un black métal relativement conforme avec un Bel Canto tout droit tiré d’un opéra italien… chanté en allemand !
Le résultat fonctionne surprenamment bien. Les morceaux, bien que soutenus par des trémolos de guitares et des blast beats irrévérencieux, sont finement composés sur des marches harmoniques qui témoignent d’une connaissance du répertoire classique et de ses mécanismes. Les quelques percées de clavecins viennent pour leur part amplifier cette atmosphère baroque, tout comme quelques surprenants élans de virtuosité à la basse. Voilà un canevas idéal pour accueillir le délire vocal qui s’y superpose.
Car c’est la voix qui vole la vedette. Passant aisément des cris stridents au chant lyrique le plus maîtrisé, sans omettre toutes les libertés possibles entre ces deux pôles, cette voix domine et donne vie aux morceaux. Dans la trame narrative, Andromeda Anarchia joue d’ailleurs le rôle d’une dominatrice au sommet de sa puissance. C’est ce récit qui lui permet d’insuffler une théâtralité que l’on ressent tout à fait en contexte d’album.
Avec ce deuxième opus, Folterkammer pourrait bien être en train de cristalliser un nouveau sous-genre, alors qu’on croyait avoir épuisé toutes les combinaisons entre métal extrême et musique classique. Ici, on a droit à quelque chose de frais et d’inédit.