Il y a quelque temps, la musique de Rian Treanor faisait son apparition dans un dj set de Björk. La présence d’une pièce du musicien britannique au menu d’une soirée animée par notre diva extra-terrestre préférée confirme l’originalité profonde de son travail. Le sceau d’approbation islando-martien qu’il a ainsi reçu ne pouvait être apposé qu’à une œuvre provenant d’une galaxie lointaine et inconnue.
Le caractère biscornu des compositions de Treanor s’est accentué suite à un voyage en Afrique il y a deux ans. L’artiste avait été invité à se produire dans le cadre du festival Nyege Nyege, une fête de la musique électronique ayant lieu en Ouganda, sur les bords du lac Victoria. Il est finalement demeuré là-bas pendant un mois, histoire de collaborer avec des musiciens locaux et de s’immerger dans les rythmes électro ultra-rapides du singeli, un genre originaire de Tanzanie. En combinant ces influences africaines à une IDM à l’européenne moins lo-fi, Treanor accouche d’un des albums électro les plus novateurs cette année.
Dès Hypnic Jerks et ses déflagrations de mitraillette pétaradante, nous savons que nous nous trouvons en terra incognita musicale. Le spectre sonore hyper saturé et l’impétuosité des rythmiques ne nous laissent pas une seule seconde de répit. Sur l’excellente Closed Curve – un des moments clés du disque – nous avons l’impression que des percussions traditionnelles se joignent à la folie de la fête. Puis, celle-ci se conclut sur une note plus apaisante avec Orders from the Pausing qui, malgré un débit rythmique toujours aussi rapide, procure à l’auditeur une sensation de tranquillité en raison de son atmosphère moins chargée.
Selon ses propres dires, Rian Treanor s’amuse à tester les limites de la dance music faite pour les clubs. Il le fait avec brio.