On connaissait déjà Erika Hagen par le biais de son projet en duo avec son frère Bleu Kérosène, et pour les plus aguerris, par ses créations au théâtre et au cirque. Elle avait aujourd’hui envie de prendre la pleine mesure de son individualité musicale en nous présentant un premier album solo ce 11 avril, Pouvoirs magiques.
À travers dix chansons, l’autrice-compositrice-interprète nous emmène dans un voyage auto-fictionnel inspiré de ses proches et de sa propre vie sur trame de fond indie-folk à tendance punk fortement inspirée des années 90 et du son brut de certaines formations comme les Riot Girrls, Hole ou The Distillers. Toujours avec un petit côté espiègle, elle nous livre tour à tour des observations un peu comiques, des réflexions profondes et de jolies métaphores à travers l’album réalisé et arrangé par Dany Placard, une référence au Québec pour un son bien garage du Sag-Lac.
Pas les sous s’ouvre sur un excellent riff de guit grunge où on reconnaît tout de suite la signature brute de Dany Placard et où de beaux arrangements de synthés viennent soutenir l’énumération un peu comique des raisons pour lesquelles elle ne viendra pas. On donne tout de suite le ton de la ride musicale qui nous attend.
S’enchaînent ensuite Aline, où on décrit les actions d’Aline sur une mélodie entraînante avec une intéressante texture de vieux micro dans la conclusion déjantée, et Aquatique chose, une métaphore existentielle qui s’amorce avec une douce ritournelle à la guitare et qui ne tarde pas à devenir plus rock. Les multiples pistes de voix qui se superposent nous rappellent les années psychédéliques des Beatles alors que le choix de l’orgue nous ramène automatiquement à l’atmosphère road bar des Doors : un beau mélange.
Ça nous prépare à la folle ride de Méchant Changement, remplie d’auto-dérision et rappelant les formations punk et féminines comme celles des Distillers/Riot Girrls et masculines comme NOFX-, et de Casse-Gueule, aux teintes plus folk-country.
Vient ensuite Erratique affaire, où le personnage avoue ses failles et réfléchit à la condition humaine en craignant que son comportement erratique ne déséquilibre l’autre, St-Francois qui commence et finit comme une brise, nous racontant une relation avec les morts aux teintes jazzy et Anita, qui nous présente un personnage féminin errant qui fuit son chagrin d’un continent à l’autre sur fond rock.
Pouvoirs magique, la chanson titre de l’album, surprend avec sa guitare résolument garage, ses teintes un peu yé-yé, presque surf-rock, et son pont intéressant. Elle nous laisse avec Karate Kid, une pièce rassurante qui nous dit au revoir en nous berçant.
Tout au long du LP, l’art de la texture de la double-voix est utilisé judicieusement, Charles Guay donne une excellente prestation à la batterie, et probablement personne ne fait aussi bien sonner un album aux teintes garages et créatives que Dany Placard (ou Fred Fortin/Olivier Langevin), qui mélange savamment les influences en un tout accrocheur vers lequel on a envie de revenir.Au final, que cet album ait été enregistré à La Shed a peut-être quelque chose à voir ou pas, il s’en dégage une authenticité et une naïveté sans filtre des plus attachantes, en plus d’être franchement entraînant. Un excellent album, à écouter sans modération, de préférence en vous sauvant en 4 roues par le champ en riant.