Il n’est pas étonnant que Green-House, dont les titres des pièces et le concept des albums s’inspirent de la botanique, s’associe à Endel, qui est connu pour ses algorithmes promouvant des états de zénitude. Artiste non-binaire vivant à Los Angeles, Olive Ardinozi compose sous le pseudonyme Green-House depuis 2019. On est parfois curieusement dérangés en écoutant certaines de ses pièces électroniques expérimentales desquelles émane beaucoup de candeur. C’est que Green-House crée intentionnellement des mélodies et arrangements dont on décèle parfois une franche naïveté. Le but? Apprendre à accueillir des œuvres artistiques attendrissantes, celles qui sollicitent cette partie de notre cerveau lorsque l’on aperçoit quelque chose de mignon. Selon Green-House, les œuvres artistiques d’aujourd’hui font surtout appel à la tristesse et à l’agressivité. Green-House veut redonner une place à ces émotions banalisées par notre culture.
Pour l’album Pastoral Journey, Green-House a fait équipe avec Endel, un groupe de compositeurs et concepteurs sonores. Créé en 2018, Endel est mené par son cofondateur, le multi-instrumentiste, compositeur et concepteur sonore Dmitry Evgrafov. L’entreprise, qui a signé un contrat de production et distribution de ses algorithmes avec Warner Music Group en 2019, se spécialise dans la création de technologies générant des environnements sonores personnalisés. Ces algorithmes, faits de sons entérinés par la neuroscience, se basent sur les rythmes circadiens, la gamme pentatonique et le camouflage sonore. Le noyau de l’algorithme est formé de bruit blanc et de notes soutenues. On retrouve Endel sous forme d’application dont on peut personnaliser encore plus les fonctions, par exemple, le moment de la journée ou la météo au moment de l’écoute.
Endel fait aussi partie de certaines listes d’écoutes contextualisées, popularisées par les plateformes de diffusion en continu. Leur collaboration : Pastoral Journey est un album ambiant, plus accessible que ce qu’on a l’habitude d’entendre de la part de Green-House, du fait qu’il est moins mélodiquement expérimental. On y retrouve des nappes de synthés atmosphériques et des échantillons de sons reposants, dont ceux de l’eau qui ruisselle et de la cigale qui chante. Green-House et Endel ont en commun de vouloir susciter des états d’esprits apaisés et positifs, bien que le facteur coolitude des moyens utilisés pour atteindre ces états d’esprits puisse être faible, si mesuré à certains standards et préjugés artistiques et culturels. Pourrait-on alors avancer qu’il s’agit d’un projet subversif, dissimulé derrière des bruits de chutes d’eau et de chants d’oiseaux?
Si l’idée d’un trop-plein de joie New Age style fait sourciller votre cynisme intérieur, vous êtes le parfait candidat pour écouter l’album et tester ses effets sur votre état d’esprit. Également, on vous invite à écouter les albums de Green-House, dont Music for Living Spaces qui fut lancé en 2021 ainsi que son plus récent EP, Solar Editions, lancé le 22 avril dernier.