Avec Fiend II, le duo montréalais Dope.Gng signe un adieu fidèle à son ADN musical, constitué d’une fusion audacieuse de trap, d’emo et de punk. Yabock (Victor Tremblay-Desrosiers, fils de Mara Tremblay et d’Yves Desrosier) et Zilla (Marven Jean) clôturent leur projet avec un album qui fait le point sur leur parcours intense mais ultimement décevant, semble-t-il.
Depuis leurs débuts en 2018 avec leur premier album Fiend, les deux compères de Dope.Gng ont exploré les méandres de la consommation, non pas pour la glorifier mais pour en dépeindre les réalités, cherchant à déstigmatiser les usagers à travers une musique brute et sincère. Fiend II vient boucler la boucle de cette démarche initiée à l’époque.
L’album se distingue par son équilibre entre des morceaux percutants et des passages plus introspectifs, reflétant les montagnes russes émotionnelles que le duo a toujours su capturer. Les flows de Yabock et Zilla, tantôt incisifs, tantôt vulnérables, témoignent d’une maîtrise et d’une maturité artistique acquises au fil des années.
Le choix de donner un ultime concert le 15 mars dernier à l’Union Française ajoute une dimension poignante à Fiend II, transformant l’album en un adieu grinçant empreint de nostalgie et de gratitude envers le public de Dope.Gng.
Mention spéciale à la pièce Amour éternel qui frappe fort en intensité, et agit comme une rétrospective douce-amère sur fond de poursuite en voiture et de crise de panique. La pièce suivante, Wah-ah-ah-ah, intègre une guitare électrique avec une distorsion très lourde, en mode Nü Metal, qui punche énormément. Watch Out continue également dans cette voie très punk. En somme, Fiend II s’écoute très bien du début à la fin et constitue une conclusion pour Dope.Gng, digne d’un son inventif et assumé. Voilà un dernier tour de piste rempli de rêves effleurés, d’intensité et d’excès. On se demande, en fait, si cet adieu n’est pas un au revoir, une page qui se tourne pour un projet campé dans un état d’esprit autodestructeur, insoutenable à long terme. Cela me permet d’espérer une potentielle réémergence de Yabock et/ou Zilla dans une autre incarnation. On leur souhaite que ce soit peut-être plus paisible et sain mais… tout autant dope!