Un jeune compositeur-improvisateur montréalais trace patiemment sa trajectoire électroacoustique, du cégep de Saint-Laurent au Conservatoire de musique de Montréal, du festival des musiques numériques immersives Akousma à la très courue galerie d’art Greenhouse de Berlin, du festival de musiques improvisées Oooh de Londres au festival Impro Währing de Vienne. Il s’appelle Dominic Jasmin. Son champ d’expérimentation est vaste. Son mode opératoire est à la fois simple et complexe : créer des sons ou repérer du déjà-créé, façonner cette matière – s’il y a lieu –, puis la conjuguer à la composition spontanée. Dans son studio-labo, il combine des sons produits par des objets, leur fait subir un traitement logiciel, puis y juxtapose des sons de synthés et d’instruments acoustiques. La musique qui en résulte constitue, selon les mots de Dominic, du « bruit avec une forme » ou de « l’expressionnisme-maximaliste ».
Dominic vient de faire paraître Synergie et parasitisme, un album comprenant quatre longues pièces. L’étiquette Mikroclimat, dirigée par les musiciens et compositeurs Joane Hétu et Maxime Corbeil-Perron, lui sert de rampe de lancement. Dominic Jasmin s’est servi, comme canevas, d’enregistrements provenant des collections d’amis-artistes berlinois. Il a remixé et fusionné tout ça, puis y a appliqué une couche d’improvisation synthétique et divers instruments acoustiques. Ainsi, on entend le violon de Jeanne Côté sur Ça va bien, la première pièce. La guitare de Pietro Frigato résonne sur Il sole, la pietra e l’ombra (Le soleil, la pierre et l’ombre). Sur Dieselfahrradparade (Parade de vélos au diesel?) figurent la clarinette et le saxo d’Edith Steyer. Enfin, Psicosis telepática comporte la voix de Lorena Iziquierdo Aparicio et la batterie de Samuel Hall (à ne pas confondre avec le protagoniste misanthrope de la chanson de Bashung), ainsi que les ajouts électroniques d’Eric Bauer.
Corneille (le dramaturge, pas le chanteur) a écrit « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Les musicophiles gagnent à écouter Synergie et parasitisme.