Depuis l’excellent The Decaying Light (2019), Disentomb s’était fait plutôt discret, prenant certes le recul nécessaire à l’élaboration d’une prochaine contribution de taille. Le EP Nothing Above poursuit habilement l’exploration des atmosphères mélancoliques et hypnotisantes qui font la signature du groupe australien.
Si le sous-genre du death metal brutal n’a historiquement pas été associé à une palette expressive très large, outre son inventivité dans les rythmes et les voix gutturales, cela change de plus en plus. Disentomb est l’un de ces groupes ayant pris le pari de conserver cette esthétique intransigeante, mais d’en étendre les moyens d’expression. Dès Misery (2014), le groupe avait incorporé une noirceur très dramatique rappelant le doom métal et créant une profondeur de champ avec les instruments rythmiques martelant divers tempi. Aujourd’hui, le quatuor australien peut se vanter d’avoir extrapolé tout un monde sonore de ces premiers essais.
D’emblée, on a affaire à quatre compositions fort élaborées dans leur développement, lequel repose davantage sur la variation que la répétition. La performance vocale et le jeu de batterie sont impeccables, tonifiant à point la musique. Mais enveloppant toute cette brutalité – non sans une bonne quantité de réverbération – on a aussi un jeu guitaristique riche en accords mineurs, en demi-tons et en sixtes mineures, un langage qui rappelle immédiatement celui des Néo-Zélandais de Ulcerate. Loin de crier au plagiat, réjouissons-nous plutôt de l’hybridation réussie entre cette aura introspective et la nature bestiale du death metal brutal.
Toute influence ne se greffe pas si aisément à une esthétique musicale éprouvée. Sur Nothing Above, la formule est toutefois réussie. Sachant déjà que le groupe prépare un quatrième album, on peut se demander sur quel territoire cet opus osera s’aventurer pour garder les choses intéressantes.