Dan Fortin est quelqu’un que l’on voit et entend régulièrement sur la scène ‘’champ gauche’’ de Toronto, grâce à des apparitions fréquentes avec le Queer Songbook Orchestra ou Aline Homzy et son Aline’s étoile magique. Le contrebassiste/bassiste offre un panorama raffiné de son esthétique musicale sur Cannon, accompagné de David Occhipinti (guitare), Philippe Melanson (percus), l’excellente Karen Ng (sax), Michael Davidson (synthés), Chris Donnelly (piano), Fabio Ragnelli (batterie), Madeleine Ertel (superbe trompette sur Question Song) et quelques autres dans des apparitions furtives mais bien senties. On y entend, dans un mélange spontané, de l’impro libre mais pacifiquement retenue, des sonorités lo-fi, des phrases aléatoires presque mélodiques, un peu de fuzz bruitiste adoubé de vagues texturales électri ou électroni-fiées qui s’étirent sur des basses continues rapidement victimes d’entropie, et beaucoup de chatouillements guitaristes émaillant le canevas de délicates gouttelettes sonores.
Un décor dépouillé est ainsi dessiné, parsemé de volutes partiellement mélodiques et de coloris épars et généralement apaisants. Il y a bien d’occasionnels éclats intempestifs, qui font lever un tant soit peu le tensiomètre (Allium Tower), mais l’ensemble de cette trame tissée telle une fine dentelle abstraite est de l’ordre d’une contemplative et mystérieuse zenitude.