Tout comme Steve Gunn et Ben Chasny (Six Organs of Admittance), Ryley Walker est un virtuose des six cordes qui a le don de remettre le bon vieux folk au goût du jour en y injectant de bonnes doses de folie douce. S’étant adjoint les services du réputé John McEntire (Tortoise, The Sea and Cake) à la réalisation, il nous propose aujourd’hui son offrande la plus personnelle à ce jour. Puisant inspiration du côté du rock progressif, le jeune musicien originaire de Chicago nous a pondu sept chansons aux structures bien peu conventionnelles.
L’introduction de Striking Down your Big Premiere, première pièce au programme, ne laisse aucun doute : Walker est un fan du Genesis de l’époque ou Peter Gabriel se déguisait en fleur. Ceux qui, comme moi, ne goûte guère les constructions musicales alambiquées et les démonstrations ostentatoires de prouesses techniques, craindront le pire en prêtant l’oreille à cette entrée en matière. Qu’ils se rassurent : ces passages virtuoses ne sont jamais gratuits et le guitariste ne donne jamais l’impression qu’il veut braquer les projecteurs sur son indéniable agilité à tout prix. En témoignent les fort belles Rang Dizzy et Shiva with Dustpan que réhaussent des arrangements de cordes veloutés. La pièce de résistance de l’album demeure toutefois Pond Scum Ocean avec sa rythmique atypique servant d’écrin au jeu imaginatif de Walker qui se rapproche de celui du légendaire Arto Lindsay. Les mélomanes qui prisent le volet plus chansonnier de l’œuvre de Jim O’Rourke (qui, comme Walker et son réalisateur John McEntire, a longtemps fait partie de la scène rock particulièrement inventive de Chicago) seraient bien avisés d’écouter ce disque.