Selon son propre aveu métaphorique, Johanna Warren s’est dressé un beau bûcher, s’est étendue dessus, puis y a foutu le feu pour renaître de ses cendres et nous proposer son cinquième album. Dans ses restes carbonisés gît la dépendance affective qui avait plombé sa vie jusque-là. Dans sa réincarnation, Johanna est une « bonne chaotique » (la « Chaotic Good » du titre de l’album); il s’agit d’une allusion au système de classement des personnages de Donjons et Dragons, selon lequel les « bons chaotiques » sont des êtres bons, bien sûr, mais aussi libres, imprévisibles… et anarchiques.
En écoutant cette suite de dix chansons émouvantes, on remarque une quasi-alternance entre les compositions calmes et celles où le métronome oscille plus vite. La dureté des propos est constante, toutefois, nonobstant le tempo. Sur Twisted, ça devient particulièrement tordu, Johanna y pousse des cris qui rendraient jalouse la Courtney Love des beaux jours. Et l’air d’Only the Truth vous ramènera encore une dizaine d’années plus tôt, puisqu’il ressemble fort à celui de Love My Way des Psychedelic Furs.
Naguère bardesse paisible et pacifique, comme on le constate en écoutant ses albums précédents, Johanna Warren prône désormais un autre mot d’ordre : tirer pour tuer. C’est on ne peut plus limpide sur Bones of Abandoned Futures : « L’heure est venue de tuer – Ce rêve jamais concrétisé – J’ai enfoui ma robe nuptiale dans le terreau froid – Car plus jamais je ne veux dépendre de toi »
Ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est que Johanna Warren a un talent éloquent.