Le duo électro-rock à l’esprit glam basé à Lisbonne nous propose un deuxième album. Les deux complices sont toujours mus par la volonté de démasquer l’hypocrisie du monde actuel à coup d’ironie et de maniérisme froid. Ce jeu de dévoilement de l’inauthentique est cependant à double tranchant, il requiert un dosage subtil dans leur propre rapport à l’authenticité, qui fait parfois défaut.
Le tout s’avère en effet un brin forcé, à commencer par le chant de Su Eko. Sa voix d’airain convient pourtant tout à fait à leur style musical. Toutefois, sur Bitch Face, l’une des pièces fortes de l’album, elle fait un usage immodéré et lassant du vocal fry. À titre d’exemple, Marilyn Manson a su tirer amplement profit de cette technique faisant appel au plus bas registre vocal. Cependant, Eko s’y appuie trop, et l’effet de désabusement souhaité se déplace plutôt du côté de l’auditeur. Cette même pièce réussit malgré tout à gagner notre assentiment par un son ample qui dégage une certaine sérénité dans la transgression douce et assumée. On passe ensuite au drum and bass sur Cash and Move, forte des élans caustiques d’Eko. Noise est assurément la meilleure pièce de l’album. Le tandem y délaisse l’électro-rock plus standard pour y explorer des sonorités sombres et minimalistes, rythmes martiaux de mise. Des sonorités originales captent également l’attention sur The Key, notamment dans la montée finale.
L’affectation du duo empêche toutefois d’adhérer complètement à sa proposition artistique. Malgré cet album inégal, nous prêterons l’oreille à ses prochaines productions.