En toute transparence, je suis un fan du guitariste britannique Ben Howard depuis ses débuts. Depuis plus d’une décennie, il incarne l’héritage guitaristique britannique des John Martyn et Richard Thompson, qui, à partir d’un usage savant de la guitare acoustique, ont créé un univers musical foisonnant, souvent très électrique et éclectique.
Sur Is It?, vous trouverez très peu de guitare acoustique et beaucoup d’influences électroniques. Pour son cinquième album (en plus de quelques EPs), Ben Howard a choisi de travailler avec le DJ Nathan Jenkins, alias Bullion; mais cela demeure indubitablement du Ben Howard, dans la recherche créative et mélodique. Malgré leurs univers musicaux différents, Bullion et Howard sont des fans inconditionnels…de John Martyn. « Toutte est dans toutte », comme dirait notre poète national.
À 36 ans, Ben Howard a subi deux minis AVCs – accidents vasculaires cérébraux. Cet album raconte cela en bonne partie, et cet angle me touche particulièrement.
La première pièce, Couldn’t make it up, raconte, sur un rythme saccadé et des glissandos synthétiques, son désarroi face à l’impossibilité de parler, la paralysie de son visage. Sur Total Eclipse, on entend des sons étranges et des voix hésitantes qui nous font revivre cette peur.
Je sais très bien de quoi il parle, je l’ai vécu. Je m’en suis assez bien tiré, Ben Howard aussi. Mais la peur reste longtemps. Huit ans plus tard, écrire sur l’AVC me serre encore la gorge.
Mais Is it? est bien plus qu’un album médical. Il y a beaucoup d’expérimentations sonores, harmoniques, synthétiques et acoustiques. Et Ben Howard a un sens mélodique hors du commun, qui transforme ces textures complexes en pop éthérée.
Avec beaucoup de voix trafiquées, des synthés, mais aussi des cuivres et des cordes discrètes.
Un de ces albums qui gagne à être écouté à plusieurs reprises pour en comprendre les nombreuses couches.
Ben Howard continue d’explorer plutôt que de se répéter.
Bonne guérison Ben!