Après 3 albums de hip-hop expérimental des plus agressifs dans leur engagement social, quelle direction prendre pour une artiste comme Backxwash? Sans être qualifiable d’album de guérison, Only Dust Remains calme légèrement les ardeurs de ses prédécesseurs, laissant place à une plus grande palette sonore.
Thématiquement, les morceaux ‘WAKE UP’ et ‘History of Violence’ véhiculent encore toute la colère et les injustices sociales qui alimentent la musique de Backxwash. Les références bibliques sont encore au rendez-vous, notamment les nombreuses mentions du paradis (ex: ‘9th Heaven’, ‘Stairway to Heaven’). Mais musicalement, ces sujets sont traités avec beaucoup plus de nuance et de sérénité qu’auparavant. Les tons de voix savent être agressifs lorsque nécessaire, mais il y a autrement beaucoup moins de cris et de jurons qu’à l’habitude. En complément, les productions sont feutrées, rappelant une sorte de shoegaze autant électronique que composé d’échantillons analogiques de voix et d’instruments. On déroge parfois de cette esthétique, comme avec les références à la musique indienne (Tabla, sitar, chant) de ‘Undesirable’. De façon générale, les morceaux s’enchaînent naturellement pour une écoute d’environ 40 minutes, une concision appréciée ici.
En somme, Only Dust Remains s’écoute mieux les yeux fermés, plongés dans le recueillement, qu’avec un couteau entre les dents, paré à partir en guerre. Un album charnière dans la carrière de l’artiste, qui semble vouloir élargir ses horizons créatifs.