Enfin un premier album pour celle qui avait créé la surprise en 2021 avec son simple Kuku Corona, révélant une MC tranchante et percutante, telle que Nicky Minaj quand elle rappe, sur une rythmique tout aussi acérée, bref, on l’attendait cette suite. Et l’artiste originaire de Lagos au Nigeria ne déçoit pas, loin de là.
Non seulement on retrouve cette livraison angulaire, sur des productions qui sont à la fois hip hop, afrobeat, R&B et expérimentales, mais elle se révèle tout aussi excellente quand la cadence est moins frénétique, plus soul, laissant plus de place à Bisola Olungbenga face à son alter ego plus percussive, qui domine quand même le compte de l’œuvre complète.
Ambitieuse, l’artiste avait une idée précise de ce qu’elle voulait faire pour son premier album et a recruté une équipe qui saurait créer ce son qui représente le mieux la nouvelle musique africaine selon elle. Titi Bakorta, guitariste, chanteur et producteur congolais, le producteur ougandais Ill Gee, Scotch Rolex du Japon, le producteur de baile funk brésilien DJ Cris Fontedofunk, le beatmaker Debmaster de France, le compatriote nigérian Slimcase, également chanteur et producteur ainsi que le spécialiste de l’avant pop futuriste Kabeaushé du Kenya livrent la marchandise, haut la main.
L’artiste offre ici une œuvre mature, travaillée, confirmant que les singles précédent cet opus n’étaient pas qu’un feu de pailles, mais un feu de forêt. Un presque sans faute (trop d’autotune selon mes goûts sur You not worthy of my love) qui sait conjuguer l’Afrique au présent tout en s’inscrivant dans la sono mondiale, par une musicienne en pleine maitrise de son art. C’est rare.